Instances Dirigeantes: Où sont les femmes?

Sept ans après la promulgation de la loi Copé-Zimmermann qui oblige les conseils d’administration à compter 40% de femmes, où en est-on ? Pour évaluer la progression, Floriane de Saint-Pierre, présidente  de l'observatoire sur la gouvernance Ethics & Boards, et Caroline de la Marnierre, fondatrice de l’Institut du capitalisme responsable (ICR), ont créé un outil ad hoc, l’indice Zimmermann, du nom de l’ex députée LR, Marie-Jo Zimmermann, à l’origine de la proposition de loi, co-rédigée avec François Copé. Objectif ? Passer au crible les sociétés cotées en France et à l'international, en scrutant notamment la place réservée aux femmes dans les instances dirigeantes. Cet indice prend en compte trois dimensions : la mixité du conseil d’administration ; des instances dirigeantes exécutives (directoire, comité exécutif, codir, top 100) et la représentativité des femmes dans l’entreprise. Les deux dirigeantes présentaient, hier, la deuxième édition du prix de la mixité, lancé l’an passé, en présence de Muriel Pénicaud et de l’ancienne députée, dans le cadre des rencontres financières internationales de Paris Europlace.

Progression moindre au sein des comités exécutifs et du top 100

18 de ces sociétés ont fait intervenir des femmes à la tribune lors de leur AG, pour des interventions de 12 minutes en moyenne, soit à peine plus de 10 % de la totalité de la durée des interventions".  

Premier constat : la féminisation des instances dirigeantes progresse. Alors qu’en 2013, les conseils d’administration comptaient 26% de femmes dans le SBF 120*, ils atteignent 43,3 % cette année. Mais si les femmes sont plus nombreuses à ces postes si convoitées, elles peinent encore à se faire une place au sein des comités exécutifs et du top 100 : depuis 2013, le taux de féminisation des comités exécutifs a gagné six points (de 9,5 % à 15,6 %) ; celui du top 100 progresse seulement quatre points (de 15,6 % à 19,5 %). La loi Copé- Zimmermann ne s’applique, de fait, qu’aux conseils d’administration. "Parmi les entreprises du CAC 40, on n'en compte que 12 qui se fixent des enjeux de mixité, constate Caroline de La Marnierre. Deux s’appuient sur des programmes de RSE et 10 ont indexé la rémunération variable des dirigeants sur des critères de mixité. Soit un tiers des entreprises. Les grandes entreprises sont encore loin de traiter ce sujet avec le sérieux nécessaire". Et d’ajouter une anecdote plutôt révélatrice de l’état d’esprit des dirigeants: "18 de ces sociétés ont fait intervenir des femmes à la tribune lors de leur AG, pour des interventions de 12 minutes en moyenne, soit à peine plus de 10 % de la totalité de la durée des interventions".   

Sept entreprises françaises primées

Parmi celles qui jouent le jeu, sept entreprises françaises ont été récompensées. L’Oréal a ainsi décroché le grand prix de la mixité dans la catégorie CAC40. Son comex est féminisé à 35 % et son conseil d’administration à 50 % Surtout, le groupe se félicite de voir le taux de féminisation croître parmi les expatriés, les femmes représentant désormais 44 % des "expats", contre 25 % il y a huit ans. La foncière Gecina, a été distinguée dans la catégorie des entreprises de moins de 10 000 salariés, avec 43 % de femmes parmi son top 100, 50 % de cadres féminins et 48 % de managers. Korian (gestion de maisons de retraite médicalisées), qui compte 86 % d’effectifs féminins, s’est vu attribué le prix, dans la catégorie SBF 80**, pour ses efforts en faveur de la féminisation de ses  instances dirigeantes : 70 % des directeurs d’établissements sont des femmes et le top 100 est équitablement réparti.

Ipsos obtient la plus belle progression du taux de féminisation en un an, en passant d’un total de 35 points en 2017 à 59,1 points en 2018

Sur les six secteurs d’activité faisant l’objet de prix spécifiques figurent Axa France, Orange, Engie, Korian, L’Oréal et Ipsos. L’Institut de sondage, récompensé dans la catégorie industrie et services B to B, obtient la plus belle progression du taux de féminisation en un an parmi les entreprises de plus de 10 000 employés, en passant d’un total de 35 points en 2017 à 59,1 points en 2018, soit plus de 24 points. Cette mixité se retrouve à la fois au sein du conseil d’administration (60 % de femmes) mais aussi du comité exécutif (28,6 %). Preuve que les bonnes pratiques existent aussi.
Lire l'intégralité de l'article sur  Editions Legislatives
Your Internet Explorer version is outdated. Upgrade it, or download Google Chrome for a better experience.